Fertiliser autrement avec les MRF

LE COOPÉRATEUR
Grandes cultures / Article technique
jeudi, 07/22/2021 – par Nancy Malenfant

En 2017, Sollio Agriculture et 11 coopératives agricoles régionales prenaient une participation majoritaire dans Viridis environnement, leader en recyclage de matières résiduelles fertilisantes (MRF) au Québec. Accaparant environ 70 % du marché de la valorisation des MRF, Viridis transfère annuellement 600 000 tonnes de matières organiques à 700 entreprises agricoles.

Selon Simon Baillargeon, vice-président au développement des affaires chez Sollio Agriculture, l’alliance s’est faite naturellement entre les deux parties. « Les coopératives désiraient investir dans le secteur du recyclage des MRF, tandis que pour Viridis environnement, ce partenariat ouvrait une porte d’entrée directe auprès des producteurs clients des coopératives impliquées. C’était gagnant-gagnant. »

Il poursuit : « Cet investissement du réseau Sollio dans Viridis démontre que le rôle des coopératives n’est pas seulement d’offrir des produits traditionnels, mais de répondre aux besoins des producteurs. Les MRF font partie des compléments aux engrais minéraux standards qui permettent de maximiser les rendements tout en gardant les sols en bonne santé. »

Des matières qui valent leur pesant d’or

Méconnues et sous-estimées, les MRF constituent une solution économique pour les agriculteurs, explique le vice-président et cofondateur de Viridis, Simon Naylor. « Que ce soit pour fertiliser, apporter de la matière organique ou corriger le pH, il existe une MRF qui répond à chaque besoin. »

Cet agronome précise cependant : « Nous ne remplaçons pas les fumiers et lisiers par des MRF. C’est plutôt chez les producteurs qui n’ont pas accès à des fumiers ou lisiers que l’utilisation de MRF devient pertinente, pour permettre l’apport de matière organique aux sols tout en fertilisant. »

Viridis environnement compte 60 employés et couvre le Québec et l’Est ontarien avec ses cinq bureaux régionaux (Barraute, Mont-Saint-Hilaire, Saguenay, Sherbrooke et Québec). Ses conseillers accompagnent individuellement tous les producteurs receveurs de MRF en leur offrant un service clés en main. Ils prennent en charge les démarches de conformité environnementale, le transport et la logistique d’entreposage. « Nous nous occupons de toutes ces démarches, souvent sans frais pour l’agriculteur, explique Simon Naylor. C’est notre force chez Viridis de prendre en charge la paperasse et la coordination. Le producteur a ainsi tous les bénéfices du produit sans les tracas administratifs! »

Les MRF elles-mêmes sont généralement gratuites, puisque ce sont les usines de traitement qui paient pour leur recyclage. Viridis propose aussi, au besoin, des incitations financières visant à indemniser les producteurs pour du stockage temporaire ou des épandages.

Les 200 usines desservies par Viridis produisent des MRF l’année durant, alors que les producteurs épandent seulement quelques jours au printemps et à l’automne. L’entreprise recherche donc constamment des agriculteurs partenaires pour l’entreposage des produits en attente d’être recyclés au champ. « Nous sollicitons ceux qui possèdent des fosses inutilisées que nous pourrions louer pour y entreposer des MRF », dit Simon Naylor.

Toujours plus loin

Après la récente planification stratégique de Viridis environnement, les coopératives ont décidé d’ouvrir de nouvelles voies de développement pour l’entreprise. Il s’agit essentiellement d’intégrer des activités en amont et en aval de la valorisation des MRF.

Un premier volet touche le traitement et la transformation des matières résiduelles par la construction et l’exploitation d’usines de biométhanisation. Cinq projets sont actuellement sur la table.

Un second volet concerne la mise en place de sites de traitement de la matière organique provenant des ordures ménagères. À cet effet, Viridis environnement a adapté une technologie conçue par l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) pour extraire la matière organique des sacs de déchets domestiques, la nettoyer, la sécher et la tamiser pour en faire un compost de qualité destiné à l’agriculture. La première vitrine faisant la promotion de cette technologie doit d’ailleurs entrer en fonction au cours de l’été 2021, en Beauce.

Enfin, Viridis explore la fabrication d’engrais organominéraux avec certaines de ses MRF afin d’élargir sa base d’agriculteurs receveurs. Elle vise même la production de fertilisants biologiques. Un futur qui ne semble pas si lointain, si on se fie à la rapidité de développement de l’entreprise!

 

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